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Exposition à Athènes, Grèce

Trésors de réfugiés

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jeudi 5 mars 2009, par Icon Network

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Cette exposition ouvrira ses portes le 29 juin 2009 à Athènes, Grèce

Cette exposition ouvrira ses portes au Musée Byzantin & Chrétien à Athènes le 29 juin 2009, elle a également été présentée le 6 mars 2009 au Château des Ducs de Bretagne, Musée d’Histoire de Nantes, en France. Cette vidéo est visible en-ligne sur ce site (commentée en grec | sous-titrée en anglais) : Refugee-Treasures-Video.html.


- La Vierge Episkepsis, une icône raconte son histoire
- Réfugiés dans une nouvelle terre
- Objet d’exposition muséale
- Objet d’art
- Un symbole

« Trésors de réfugiés » a été organisée dans le cadre du projet Icon Network avec le concours du programme Culture 2007-2013 de la Commission Européenne et du Musée Byzantin & Chrétien à Athènes.

La Vierge Episkepsis, une icône raconte son histoire

L’icône de La Vierge Episkepsis fait partie des icônes constituant l’exposition permanente du Musée Byzantin et Chrétien d’Athènes. Il s’agit d’une icône en mosaïque, élaborée vers la fin du XIIIe siècle. Elle fait partie de la collection des réfugiés.

Cette icône provient de la ville de Triglia, en Asie Mineure. Par ses dimensions importantes et sa splendeur, nous déduisons que sa fabrication était destinée à un monument ecclésiastique important.

Virgin Episkepsis
Virgin Episkepsis
14th century
From Triglix of Asie Minor

Début de l’histoire

Il existe des versions différentes sur la manière dont l’icône a été découverte. Selon l’une d’elles, elle aurait été transportée par la mer après la prise de Constantinople, avec l’icône miraculeuse de la Vierge Pantovassilissa, jusqu’à la ville de Triglia où elle aurait été récupérée par des moniales.

Triglia est une ville de la province de Bithynia qui se trouve sur la côte, à l’entrée du golfe de Kios. La construction de ce village a commencé au VIIIe siècle, avec l’apparition de plusieurs monastères Byzantins. Durant le XIXe siècle, Triglia a atteint l’apogée de sa prospérité spirituelle et économique. La ville produisait et exportait des olives vers la Russie et des cocons de soie vers la province de Prussa. La population était majoritairement constituée de chrétiens Grecs.
Pendant cette période, les orthodoxes de Triglia se sont organisées en population. Les responsabilités des affaires communes étaient gérées par les prêtres et le conseil des sages élu par les habitants.

L’école occupait une place importante dans la communauté, servant à pérenniser la langue grecque.

Récit : Chrysostomos de Smyre, arrivé de Triglia, nous a construit une école. Même à Constantinople, il n’avait pas d’école comme celle-là ! Je me souviens encore de lui transportant les pierres de construction !

Récit : L’Évêque arriva pendant l’Épiphanie suivre les examens des enfants. Notre village créait des prêtres, des évêques et des maîtres d’écoles.

Les icônes faisaient partie de la vie de tous les jours. Les individus en possédaient dans leur demeure, les vénéraient et, pendant les moments difficiles, demandaient leur protection. Ainsi, pendant l’année 1922, quand 1 million de réfugiés arriva en Grèce, après la catastrophe d’Asie Mineure, ils apportèrent, parmi leurs affaires, les icônes et objets liturgiques de leurs maisons et églises.

Réfugiés dans une nouvelle terre

Récit : En 1922, quand l’Asie Mineure a été prise et que l’armée Grecque s’est retirée dans le désordre, le président et le conseil de la communauté ont, à l’unanimité, envoyé une lettre urgente à mon père, Philippos Kavounidis, qui était un armateur basé à Constantinople, lui demandant de faire tous les efforts possibles pour les sauver. Mon père a effectivement agi : il a envoyé ses propres bateaux et en a affrété d’autres réussissant à sauver les habitants de Triglia et des régions avoisinantes. Lui-même a voyagé sur le dernier navire de sauvetage, le « Bithynia ». Il a débarqué à Triglia et, accompagné d’un groupe de marins armés et de villageois, a collecté les objets liturgiques de toutes les églises et tous les monastères, incluant les deux icônes les plus vénérées du village, l’icône en mosaïque de la Vierge Episkepsis et l’icône de la Vierge Pantovassilissa.

Les réfugiés de Triglia ont été transportés à Tenedos, l’îlot de Kalolimnos, Raidestos, Thessalonique et Pirée.

Récit : Nous nous sommes envolés, comme les oiseaux s’envolent des arbres…

L’hiver 1922 trouva les villageois de Triglia dispersés dans diverses parties de la Grèce. Ils vivaient en travaillant là où ils pouvaient, bénéficiant d’une maigre aide de l’État grec qui a construit des villages afin de résoudre le sévère problème du logement des réfugiés. En 1923, les réfugiés de Triglia ont obtenu des terres à Raphina d’Attique et à Souphlari, à Chaltiditi, où ils fondèrent le village de Nea Triglia.

Récit : Ils ont fondé deux Triglia. Ils ont construit la Pantovassilissa ici à Nea Triglia, et ils en ont construit une autre à Raphina aussi.

Les réfugiés se sont habitués petit à petit à leur nouvelle patrie. Les reliques ecclésiastiques étaient une référence commune et un pôle qui les a aidés à reconstruire leurs vies.

Objet d’exposition muséale

La sauvegarde des objets sacrés apportés par les réfugiés a pris un caractère officiel et a été assumée par l’État. Dans les années qui ont suivi l’arrivée des réfugiés, de nombreux comités ont été fondés et les objets provenant des différentes parties d’Asie Mineure et de l’Est de la Thrace ont été placés au Musée Byzantin pour un gardiennage temporaire.

L’acheminement de la Vierge Episkepsis au Musée Byzantin en 1925, avec l’icône de la Vierge Pantovassilissa, vient l’ajouter aux autres trésors déjà gardés au Musée, formant ainsi plus tard la collection Trésors des Réfugiés.

Le directeur de l’époque, Georgios Sotiriou, a reconnu la valeur de l’Episkepsis et a immédiatement soumis la requête pour que l’icône puisse être conservée de manière permanente au sein du Musée Byzantin. A partir de ce moment, l’Episkepsis a été exposée à l’Académie d’Athènes et est désormais un objet d’exposition au musée.

Objet d’art

Durant le temps de l’élaboration de l’icône, Triglia était un exarchat du Patriarcat de Constantinople. Au XIIIe siècle, l’empire Byzantin était très affaibli. Néanmoins, il a développé une activité artistique extraordinaire.

L’auteur d’Episkepsis est inconnu. Il était probablement de Constantinople, théorie qui s’est répandue via la tradition orale.

La Vierge Episkepsis a été créée pendant le dernier âge d’or de l’Empire Byzantin. Les icônes portatives en mosaïque étaient précieuses. Aujourd’hui restent moins de 50 icônes mosaïques, la plupart datant des XIIIe et XIVe siècles. Parmi les 50 icônes, 37 sont des miniatures.

Les petites icônes en mosaïque étaient des objets luxueux créés principalement par les ateliers impériaux de Constantinople, qui étaient liés à la haute sphère de la Société Byzantine. Pas plus d’une douzaine d’icônes mosaïques d’un format moyen sont conservées. La plupart proviennent de Constantinople.

Les icônes mosaïques sont fragiles, à cause de leur technique de fabrication. Les tesserae étaient posés au moyen de cire d’abeille sur une planche en bois. Ces tesserae étaient constitués de pâte de verre, d’émail, de marbre coloré ainsi que de pierres précieuses ou semi-précieuses. Des tesserae en bronze doré ou en argent étaient utilisés pour les fonds.
Les tesserae d’Episkepsis sont fabriqués en pâte de verre. Malheureusement, une grande partie est tombée et définitivement perdue, spécialement aux endroits des jointures des planches. L’encadrement de l’icône était probablement en argent ou en argent doré mais il est également perdu. L’icône était portée en procession. Il est aussi probable qu’elle ait était une icône despotique, placée sur la partie basse de l’iconostase ainsi portée à la vénération de la congrégation.

L’épithète Episkepsis (refuge) fait allusion aux interventions miraculeuses de la Vierge en cas de besoin. Elle est « le refuge du malade » : la tendre mère qui protège les Chrétiens sous son refuge.

Un symbole

De nombreux trésors des communautés de réfugiés ont été rendus ; ainsi les habitants de Triglia ont demandé au musée Byzantin de rendre les deux icônes de leur village, en 1954. L’icône miraculeuse de la Vierge Pantovassilissa a été donnée à l’église portant le même nom à Raphina. L’icône d’Episkepsis est restée au musée après décision de l’État grec.

Episkepsis est un des plus importants objets du Musée Byzantin & Chrétien. Sa valeur artistique et historique, comme sa rareté, font que l’objet quitte rarement le musée. Jusqu’à ce jour, l’icône a quitté le musée à seulement trois occasions.

En 2002, la paroisse de l’église de Koimesis à Raphina a exprimé sa volonté auprès du musée que l’icône d’Episkepsis soit exposée à la vénération pour une période de dix jours. À la place de l’original, une copie exacte de l’icône a été élaborée et donnée à la communauté.

Aujourd’hui, le souci des membres du Musée Byzantin est de conserver non seulement l’objet mais surtout les liens entre l’icône et les individus qui ont créé et partagé son histoire.


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